
Article de Magazine-Jazzman à propos des 3 CD SWING ACCORDÉON – ANTHOLOGIE 1939-1949 Du triumvirat Viseur-Murena-Privat qui rénove l’accordéon populaire français de 1938 à la fin des années 50 sous l’influence des guitares manouches et du swing américain, Tony Murena, plus à son aise au dancing qu’au musette, fut le plus technique des trois et aussi le plus jazz et l’ont dit même que Glenn Miller chercha à l’engager. Dans ce « le plus jazz » peut-être faut-il voir ce qui poussa André Hodeir à déclarer l’accordéon « anti-swing » et, en effet, ce serait une erreur d’apprécier le swing des accordéonistes français de l’époque (et leurs improvisations) sur la même échelle que Louis Armstrong, Lester Young ou Django Reinhardt, mais son swing sautillant a son charme qui ouvre des portes immenses à l’instrument des bouges parisiens. Ce volume conçu par Francis Couvreux est le travail le plus complet et le mieux conduit sur Murena jusqu’à ce jour. A ses côtes, on croise parfois les Ferret, plus souvent son fidèle guitariste Didi Duprat, mais aussi les clarinettes de Hubert Rostaing et Pierre Gossez. On y entend son swing et son art de l’improvisation jazz s’assouplir, de l’attendrissant « Madam’s » de mai 1939 à la maturité certaine de son « I’m Beginning To See The Light » fin 1945 et de son « Body And Soul » ou il donne la réplique à Gus Viseur en 1948. Mais Tony Murena, ce sont aussi des valses, tels les grands classiques « Passion » et « Indifférence » cosignées par Joseph Colombo dans leurs versions de 1942 et du début des années 50, mais aussi de moins connues comme « La Guigne » et cette improbable valse be bop intitulée « La Godasse ». Et sur le trois temps, allez savoir pourquoi, ça swingue sans aucun doute. Par Alfred SORDOILLET – JAZZ MAGAZINE-JAZZMAN |
– « Tony Muréna fait partie des rénovateurs du style musette » Par La Revue des médiathèques « Avec Gus Viseur et Jo Privat, l’accordéoniste Tony Muréna fait partie des rénovateurs du style musette. Il a fait vivre cette musique de fêtes en lui injectant des sérums manouche ou gitans (Ferret, Reinhardt, etc…). Ce coffret de 3 CDs donne 72 titres à écouter. » Par Jacques VAZEILLE – REVUE DES BIBLIOTHEQUES ET MEDIATHEQUES MUSICALES |
– « L’âge d’or du swing musette parisien » Par Django Station « Avec Gus Viseur et Jo Privat, Tony Muréna fait partie des grands rénovateurs de l’accordéon jazz. Sans doute moins virtuose que Viseur, et moins tzigane que Jo Privat, il n’en fit pas moins une brillante carrière de jazzman, carrière hélas un peu occultée par ses derniers enregistrements, plus nombreux, cédant à la mode du musette populaire. En revanche, la copieuse sélection en 3 CD brillamment réunie ici par Francis Couvreux ne propose que du bon ! Centrée sur les années 39-49, sorte d’âge d’or du swing musette parisien, elle permet de (re) découvrir dans l’ordre chronologique le meilleur des titres de Tony Muréna. Bien plus qu’une énième compilation d’accordéon swing, le coffret s’accompagne d’un généreux livret de 24 pages (français/anglais) retraçant la vie et l’œuvre du musicien : photos rares parfois issues de collections privées et références d’enregistrement et d’intervenants (quand elles sont identifiées) complètent le bel objet. Au delà de l’exceptionnel accordéoniste au phrasé léger et élégant, au style sensible, souple et créatif qu’il était, Muréna fût aussi un remarquable compositeur. On connait bien ses célèbres valses passées depuis longtemps à la postérité : Passion et Indifférence, co-signée Joseph Colombo (présentées ici dans deux versions). Mais c’est oublier un peu vite Nostalgia Gitana (avec Péguri), La Guigne (en hommage à la femme de Django), La zone, Bouclettes, autres poignantes valses en mineur, ou encore Pépée, charmante fantaisie majeure, toutes aussi magnifiques que moins connues. Il composa également beaucoup de swings originaux : Etude swing, l’étonnant Pacific qui rappelle par endroit le Rythme futur de Django, Swing promenade, Ciro’s, Milk bar… peut-être encore plus que Viseur, qu’on peut par ailleurs entendre ici croiser le fer avec notre accordéoniste sur quelques précieuses pistes issue d’une session de 1948. Enfin, l’intérêt d’écouter aujourd’hui Tony Muréna vient également de la qualité de ses accompagnateurs. Adoptant souvent la formule de type « goodmanien » avec piano et clarinette, on peut entendre à ses côtés les meilleurs musiciens jazz de son époque : Georges Marion, Roger Paraboschi, Pierre Fouad (batterie), Jacques Petitsigne, René Larguier (contrebasse), Pierre Gossez, Hubert Rostaing (clarinette), Michel Ramos, Boris Sarbrek (piano), Didi Duprat, René Duchaussoir, Lucien Gallopin (guitare). Puisant également largement à la source gitane entre 1939 et 1943 (les années Odéon), il s’attachera, tout comme Viseur et Privat, les talents des frères Ferret : Sarane, Matelot et surtout Baro qu’on peut entendre largement sur cette compilation. Leur accompagnement (tout comme celui de Duprat) est constamment exemplaire (les valses ne seraient pas aussi mémorables sans eux !) et fort heureusement, une place leurs est souvent réservée lors des chorus. Le court solo de Baro sur Indifférence fait aujourd’hui partie du patrimoine », auquel on ferait bien de rajouter également ce lui de Gitan swing ou de Pacific ! Bref, voilà donc quelques bonnes raisons de se procurer cet excellent triple album magistralement édité chez Frémeaux et qui ressemble fort à la compilation définitive de l’ami Muréna ! » Par DJANGO STATION |